Les amis ont ceci de
bien que, pour vous remonter le moral, ils sont prêts à tout (bon, il faut
quand même éviter certaines choses comme de leur emprunter de l'argent...) et
pour cela, ils ont toujours une idée de rechange.
Un jour, une amie à qui
je contais mes déboires sur internet, a donc ressorti des vieux cartons de sa
pensée une méthode dont je n'avais plus entendu parler depuis une bonne
quinzaine d'années : le speed dating.
Je me souvenais
maintenant : dans les années 90, cette méthode anglo-saxonne était présentée
comme révolutionnaire pour rencontrer l'homme ou la femme de sa vie.
Imaginez... des dizaines de filles (ou de mecs pour ces demoiselles)
célibataires, rencontrées en une seule fois autour d'un verre, toutes mues par
ce désir ardent de rencontrer ENFIN celui qui ferait chavirer leur cœur (sortez
les violons) ! Après mes expériences de sites de rencontres, une telle promesse
relevait presque d’un scénario de film de science-fiction. Ça ne pouvait pas
être une mauvaise idée ? Ben si...
J'ai donc cherché sur
mon ami Google et j'ai trouvé les soirées « Lemon Friday ».
Pour « Friday», j'avais
bien compris : lesdites soirées se tenaient le vendredi soir. En revanche, pour
le « Lemon », je n’ai toujours pas compris le rapport avec le citron...
Le site de
l'organisateur annonçait « une
soirée unique en son genre, placée sous le signe de la décontraction, dans une
ambiance lounge et cosy »
avec des séances de rencontres chronométrées de 6 minutes toutes les
demi-heures pour séduire, et à partir de 23h, la soirée se poursuivait « aux
sons Disco Originale et Funky House... jusqu'au bout de la nuit ! ».
Mouais... pourquoi
est-ce que d'entrée de jeu, ça sentait le plan loose ?
Enfin au moins, même si
je ne faisais aucune rencontre probante par le biais de ces entrevues furtives,
je pourrai toujours essayer d’exercer mes talents de séducteur sur le dancefloor !
Ah ben non, c'est vrai
merde... J'avais oublié que je dansais comme une clé à molette. Tant pis pour
la Disco Originale et la Funky House.
Reste que si je ne
trouvais pas ma dulcinée en ce vendredi citronné, j'avais au moins l'espoir de
rentrer en état d'ivresse...
Je me suis donc rendu
dans le bar-resto-boîte « trendy » comme disait la pub près du
quartier du Sentier à Paris.
Un resto banal et désert
au rez-de-chaussée, un espace aménagé en boîte de nuit quelconque au sous-sol.
Je n'ai pas trouvé le côté « trendy » à moins qu'ils aient voulu
parler des plots cylindriques recouverts de moquette usée qui faisaient office
de sièges aux petites tables basses autour des 12m2 de piste de
danse. Mais vu que ce genre d'aménagement était déjà trendy au milieu des années 80, c'est ce qu'on devait probablement
appeler « une tendance lourde » alors...
À l'entrée, j'ai été
accueilli par un type pas franchement aimable - probablement le patron du lieu -
et dont le but premier n'était d’évidence pas de s'assurer que je passe une
bonne soirée mais bien que je paie les 15 € de droit d'entrée et « vite monsieur... vous voyez bien qu'il y a
du monde ! ».
Trendy donc.
Au vu de sa chemise
ouverte, de sa gourmette en or et de sa Rolex au poignet, en voilà un qui
pourra se dire à l'aube de ses 50 ans qu'il n'a pas raté sa vie...
En tout cas, avec son
côté petit Patrick Abitbol à mater le cul des nanas qui rentraient (et à qui il
ne disait étrangement pas de se presser), il avait bien compris qu’il y avait
plus agréable pour se faire du fric dans ce quartier qu'en vendant des jeans.
4€ de vestiaire plus
tard (ça aussi c'est trendy ?), me
voilà enfin au bar. J'avais décidé de cramer ma conso directement en arrivant.
La serveuse était encore moins aimable que le gérant (pourtant il y avait du
challenge !). J’ai commandé un mojito avant qu’elle ne m'indique sur un ton sec
que ma conso gratuite n'incluait pas les cocktails.
Trendy encore probablement.
Ce sera donc une bière. Elle
était chaude. Au vu des filles qui arrivaient, la soirée s’annonçait tout l’inverse
de ladite bière.
La bière et son affreux
goût de pisse en main, j’avançais sans illusion vers la partie lounge du lieu. Restons dans les
anglicismes. Moi j’aurai plutôt qualifié l’endroit de cheap que de lounge.
Un
type qui essayait de paraître passionné par son boulot en appliquant des
méthodes d’animation qu’il avait dû apprendre en bossant l’été au night-club du
« Camping des flots bleus » de Palavas s’est approché pour m’expliquer
le concept.
Les filles seraient assises sur des grands canapés dans la pénombre
et les mecs changeraient de place toutes les 6 minutes. Je disposais d’une
feuille sur laquelle je pouvais prendre des notes. À la fin de l’exercice, je
relèverai les numéros des filles avec qui le courant serait passé (si d’aventure
il y en avait !) et il me suffirait une fois chez moi de renseigner ces
numéros sur leur site internet. Les demoiselles feraient de même et si l’une
des filles que je sélectionnerai avait également jeté son dévolu sur moi, je
recevrai ses coordonnées complètes par mail.
J’avais donc le numéro 320.
À 21h, on devait déjà
être au moins 200 dans ce sous-sol conçu pour en accueillir la moitié. L’ambiance
relevait plus du hall de gare que de celle d’un piano bar jazz. Pour le côté lounge
et cosy, Patrick Abitbol et sa bande s’étaient bien foutus de ma gueule.
Un rapide
coup d’œil tout autour de moi confirmait mes craintes. C’était bien le rebut
des sites de rencontres que l’on trouvait dans ce genre de soirées. Or, j’avais
déjà réussi à me convaincre (l’avez-vous été en lisant mes chroniques
précédentes ?) que les sites de rencontres c’était le rebut de la vie
réelle. Alors vous imaginez le rebut du rebut ?
Ça ne ressemblait pas
franchement au casting « Elite Model Look ». J’avais l’impression
d’être aux halles de Rungis.
Le Philippe Risoli du Sentier qui m’avait assigné
mon numéro parquait déjà les demoiselles sur les canapés dont la savante
disposition formait comme un enclos (au cas où quelqu’un voudrait s’enfuir ?).
Le timing de la soirée semblait parfaitement réglé. Les hordes de mecs à l’extérieur
de l’enclos les regardaient et attendaient leur tour pour être assis à côté des
nanas. En les voyant presque la langue pendante façon loup de Tex Avery, j’avais
du mal en mon for intérieur à me sentir anthropologiquement proche de mes
congénères masculins.
Les mecs trépignaient
visiblement d’impatience comme si on leur avait dit « Tâtez-moi ce cuissot bien gras mon bon monsieur. C’est de la truie
label rouge premier choix ».
Pourtant il n’y avait de quoi se lever la nuit…
(à suivre…)
Je te souhaite un beau cadeau au pied du sapin, et pourquoi pas une belle amoureuse!!!pour la vie.
RépondreSupprimerMais continu à nous régaler et à nous faire rire.
je ne connais pas le contexte ... est ce qu'il me donne envie d'y courir oui peut être en reculons ....toute fois une autre expérience a vivre ...
RépondreSupprimerLemon Friday : 15€ l'entrée + le vestiaire + les consos de la soirée.
RépondreSupprimerLe concept est pourtant clair : C'est vendredi et on va te presser comme un citron.
J'adore te lire sauf que pour la célibataire récente c'est juste terrifiant.
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